Placées à proximité des villages, certaines croix servaient aux Rogations, fête aujourd’hui oubliée mais alors essentielle en milieu rural. Les Rogations, initiative en 474 de Saint-Mamert, évêque de Vienne, constituaient une fête liturgique s’échelonnant sur trois jours, du lundi au mercredi précédant l’Ascension. Elles avaient pour but de demander à Dieu la préservation des calamités naturelles. Curé en tête, la procession des paroissiens traversait le territoire communal de part en part, s’arrêtant aux croix pour bénir les prés et les champs et leur attribuer ainsi protection et bénédiction des récoltes. Dans notre pays qui, entre le Xe et le XIIIe siècle se recouvre « d’un blanc manteau d’églises, on promène et parfois on plante partout des croix, au cours de processions et notamment de rogations » Moine Raoul Glaber. Il est important pour les paysans de disposer ces croix de Rogations aux endroits stratégiques, certes au bord des chemins, mais donnant sur leurs prés et cultures. Généralement, il s’agit de croix modestes que l’on découvre, en pleine nature, le long d’un champ ou à la lisière d’une vigne. A cette occasion, on décorait les croix de couronnes de fleurs voire de fleurs en papier.
La procession du Bois-du-Rat (Haute-Vienne)